Un article un peu plus long qu’à l’ordinaire mais qui intéressera sûrement plusieurs d’entre vous…
Madame Acarie, une sainte qui s’ignore
Acarie, mystique du XVIIe est devenue bienheureuse Marie de l’Incarnation. Aleteia a rencontré Marlène Goulard, co-réalisatrice du film « Madame Acarie, une sainte qui s’ignore » un film-documentaire qui retrace le parcours de Barbe.
Épouse, mère de six enfants, puis veuve et enfin carmélite, Barbe Acarie a eu une vie bien remplie au tournant du XVIe et du XVIIe siècle. Pourtant rien ne prédisposait cette femme, contrariée dans sa vocation religieuse par des parents, à devenir une figure du renouveau spirituel de l’époque. Pleine d’entrain et douée d’une rare sensibilité à la souffrance d’autrui, elle demeure, 400 ans après sa mort, un exemple de la sainteté vécue dans le monde et de la fécondité d’une vie contemplative source d’un authentique renouveau ecclésial.
En collaboration avec son père Xavier, Marlène Goulard, comédienne, musicienne et réalisatrice, a relevé le défi de faire un film sur cette « sainte qui s’ignore ». Un bel hommage qui s’attache à souligner le rôle fondamental de Barbe Acarie dans le renouveau mystique et spirituel chrétien du monde d’aujourd’hui.
Aleteia : Comment est né ce film ?
Marlène Goulard : Avec mon père, je venais de réaliser un clip sur l’Ordre des Carmes Déchaux Séculier afin de promouvoir son charisme auprès des laïcs. Cette troisième voie de l’Ordre du Carmel est pratiquement méconnue alors que des laïcs y sont appelés et s’y engagent. Il a eu beaucoup de succès à l’étranger, mais aussi chez les Carmes et les Carmélites ! Les Carmélites de Pontoise et les Carmes de Paris nous ont alors proposé la réalisation d’un film qui retracerait la vie de Madame Acarie. Le but était de révéler à quel point l’exemple de cette sainte est d’une actualité frappante aujourd’hui même. Ce n’était pas prévu, j’avais beaucoup de choses en cours, mais j’ai tout de suite eu envie de relever le défi.
Aleteia: Connaissiez-vous Madame Acarie avant de faire le film ?
Marlène: Pas du tout ! Je connaissais les œuvres de sainte Thérèse d’Avila, de sainte Thérèse de Lisieux, de saint Jean de la Croix ou encore de sainte Élisabeth de la Trinité… Madame Acarie a été pour moi une véritable découverte. Je n’étais pas la seule à ne pas la connaître : même au sein de l’Ordre, peu savent qui elle est. Pour une femme qui a œuvré à la re-fondation du Carmel thérésien en France, c’est un comble. J’espère qu’avec notre film, l’injustice est réparée !
Aleteia: Qu’est-ce qui vous a touché personnellement chez elle ?
Marlène: La lecture de livres sur elle et surtout celle de ses propres exercices spirituels m’a saisie immédiatement. Quelle femme étonnante ! Son histoire, les épreuves qu’elle a traversées dans sa vie, celle de son couple comme celle de la France de l’époque… Elle a tout vécu ! La guerre, la maladie, la ruine, les accidents de santé… Elle a traversé sa vie en vivant une conversion intérieure profonde. Ce qui m’a le plus marqué chez elle, c’est qu’elle l’a fait dans un consentement perpétuel qui dépassait parfois ce qu’un humain peut accepter, et cela dans une joie profonde !
Ses propres plans ont été contrariés très tôt dans sa vie. Forcée au mariage alors qu’elle voulait être religieuse, elle a épousé un homme qui lui-même avait voulu devenir prêtre ! Elle passait de l’oraison à l’action constamment. Et vice-versa, comme on passe d’une pièce à l’autre. Elle a tout accepté, grâce à son consentement quotidien. Pourtant, sa vie a été d’une fécondité incroyable. Elle a trouvé, en tant que laïque, un équilibre entre l’oraison et l’action que je n’avais jamais rencontré. Pour le monde d’aujourd’hui, le silence, l’oraison semblent être une perte de temps. Chez elle, c’est la vie intérieure qui nourrit la vie active. Elle était une femme pleinement ancrée dans le réel comme dans l’abandon à Dieu, qu’elle vivait dans la prière et parfois en extase.
Source: Texte (abrégé): Marzena Devoud, 10 octobre 2018, Aleteia Images: YouTube www.xaviergoulard.com Wikimedia Commons