Vendredi Saint, année B – 2021
Se pourrait-il que le Vendredi Saint nous pose problème?…
Il m’arrive de penser que nous y sommes peut-être trop habitué/es…
Trop habitué/es au texte que nous connaissons bien.
Et nous connaissons trop bien aussi qu’à la suite du texte des souffrances et de la mort de Jésus,
sur la page suivante de notre Bible, il y a le texte de sa résurrection!
Le long texte de l’évangile proposé pour la liturgie de ce jour est celui de Jean 18:1–19:42.
Les scènes du récit défilent une à une devant nos yeux.
Dans la 1è lecture, des siècles auparavant, le prophète Isaïe en avait anticipé la terrible réalité (Is.52:13–53:12).
« Défiguré, méprisé, abandonné, frappé par Dieu, humilié, transpercé, broyé,
maltraité, arrêté, jugé, supprimé, frappé à mort, compté avec les pécheurs. »
Un défilé de termes descriptifs d’une expérience, terrible, horrible, pour un être humain…
Et voilà qu’ils se rapportent à… l’Homme-Dieu!
Certains se hâtent de demander: POURQUOI?
Pour ma part, je préfère proposer la question: POUR QUI?
C’est alors que la perspective prend toute son envergure et sa signification profonde.
« C’étaient nos souffrances qu’il portait,
nos douleurs dont il était chargé…
C’est à cause de nos révoltes qu’il a été transpercé…
à cause de nos fautes qu’il a été broyé.
Le châtiment qui nous donne la paix a pesé sur lui. »
Il ne s’agit plus seulement d’un texte imprimé mais d’un message personnalisé.
Non plus une description neutre ou simplement littéraire, mais des paroles –
non, le VERBE fait chair qui dans sa chair meurtrie rejoint la nôtre, souffrante, elle aussi, de bien des manières.
L’abandon indicible dont il fait l’expérience est justement celui qui nous délivre,
nous, si souvent en proie à l’amertume, au désespoir, au sentiment de rejet.
Mais si Dieu nous a pris à ce point avec lui, en lui, comment pourrait-on encore nous croire abandonné/es?…
Note: Une autre réflexion sur un thème différent est disponible en anglais à: https://image-i-nations.com/good-friday-year-b-2021/
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