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Vendredi-Saint, année A – 2023

La souffrance insupportable, l’événement horrible,
la situation impensable, l’accident terrible,
les journaux à sensation les décrivent, mais les gens se détournent.

On ne veut pas faire face à la réalité…
Il est trop pénible même d’essayer de l’exprimer…
On cherche les mots qui font soupçonner sans affirmer…

Le bébé emporté par une maladie rare,
la jeune broyée dans un face à face soudain,
le vieillard frappé sans retour…
Comment parle-t-on d’eux?

Il répugne de dire la vérité telle qu’elle s’est imposée.
On dira plutôt: ‘Il est passé à l’autre rive…’
‘Elle est partie…’
‘Il s’est éteint…’

On hésite à dire… ‘Elle est décédée…’
On murmure à peine… ‘Il est mort…’

Et qui oserait dire: ‘DIEU EST MORT… cloué à une croix…’
Trop cruel, trop brutal, trop atroce, trop déchirant…

Oui, c’est tout cela et plus encore.
Le prophète Isaïe, lui, n’hésite pas à prononcer les mots (Isaïe 52:13 – 53:12) qui décrivent la réalité d’une souffrance indicible:

« Visage défiguré…
Méprisé, abandonné…
Dédaigné, frappé, humilié…
Blessé, châtié, meurtri…
Maltraité, opprimé… »

Mais pourquoi – non, POUR QUI?
Il faut prononcer cette vérité accablante:

« Il était blessé pour nos péchés,
brisé pour nos iniquités;
le châtiment qui nous donne la paix est tombé sur lui,
et c’est par ses meurtrissures que nous sommes guéris. »

Dieu est MORT pour que NOUS VIVIONS à jamais – tout est là…
 

 

Note: Une autre réflexion, sur un thème différent, est disponible en anglais à: https://image-i-nations.com/good-friday-year-a-2023/

 

Source: Image: Deccan Herald

 

 

Vendredi Saint, année B – 2021

Se pourrait-il que le Vendredi Saint nous pose problème?…
Il m’arrive de penser que nous y sommes peut-être trop habitué/es…
Trop habitué/es au texte que nous connaissons bien.
Et nous connaissons trop bien aussi qu’à la suite du texte des souffrances et de la mort de Jésus,
sur la page suivante de notre Bible, il y a le texte de sa résurrection!

Le long texte de l’évangile proposé pour la liturgie de ce jour est celui de Jean 18:1–19:42.
Les scènes du récit défilent une à une devant nos yeux.
Dans la 1è lecture, des siècles auparavant, le prophète Isaïe en avait anticipé la terrible réalité (Is.52:13–53:12).

« Défiguré, méprisé, abandonné, frappé par Dieu, humilié, transpercé, broyé,
maltraité, arrêté, jugé, supprimé, frappé à mort, compté avec les pécheurs. »
 
Un défilé de termes descriptifs d’une expérience, terrible, horrible, pour un être humain…
Et voilà qu’ils se rapportent à… l’Homme-Dieu!

Certains se hâtent de demander: POURQUOI?
Pour ma part, je préfère proposer la question: POUR QUI?
C’est alors que la perspective prend toute son envergure et sa signification profonde.

« C’étaient nos souffrances qu’il portait,
nos douleurs dont il était chargé…

C’est à cause de nos révoltes qu’il a été transpercé…
à cause de nos fautes qu’il a été broyé.
Le châtiment qui nous donne la paix a pesé sur lui. »

Il ne s’agit plus seulement d’un texte imprimé mais d’un message personnalisé.
Non plus une description neutre ou simplement littéraire, mais des paroles –
non, le VERBE fait chair qui dans sa chair meurtrie rejoint la nôtre, souffrante, elle aussi, de bien des manières.

L’abandon indicible dont il fait l’expérience est justement celui qui nous délivre,
nous, si souvent en proie à l’amertume, au désespoir, au sentiment de rejet.

Mais si Dieu nous a pris à ce point avec lui, en lui, comment pourrait-on encore nous croire abandonné/es?…

 

Note: Une autre réflexion sur un thème différent est disponible en anglais à: https://image-i-nations.com/good-friday-year-b-2021/

 

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