Il y a des choses qu’on apprend dans les livres – on étudie, on comprend…
Il y a des choses qu’on apprend en observant – ce qui se produit, ce qui se réalise…
Il y a des choses qu’on apprend… uniquement… en les vivant – on en fait l’expérience…

Lui, il avait dit:
« Voici que l’heure vient – déjà elle est venue… » (Jean 16:32)
C’était maintenant son heure – l’heure où il allait faire l’expérience…

Sa vie à Nazareth lui avait appris la dureté du bois – son corps allongé sur la croix lui en donnait maintenant la sensation implacable.

Apprenti charpentier avec Joseph, il avait sans doute fait usage des clous – mais des clous perçaient maintenant ses mains et ses pieds…

 

La vie de son village en Galilée lui avait permis de côtoyer bien des gens – mais au début de sa vie prêcheur itinérant, son expérience était révélatrice:
« Il ne se fiait pas à eux parce qu’il les connaissait tous…
lui-même connaissait ce qu’il y avait dans l‘homme » (lire: ‘l’être humain’) (Jean 2:24-25).

Mais aujourd’hui, ce jour du vendredi si différent des jours passés, il allait en faire l’expérience.
Bien sûr, à quelques reprises, il en avait parlé:

« Le Fils de l’homme sera livré aux grands prêtres et aux scribes;
ils le condamneront à mort, ils le livreront aux nations païennes,
qui se moqueront de lui, cracheront sur lui, le flagelleront et le tueront… » (Marc 10:33-34).

Il avait même dit à ses apôtres, ceux qui étaient avec lui depuis trois ans déjà:
« Vous serez dispersés chacun de son côté, et vous me laisserez seul… » (Jean 16:32).
Ils n’avaient pas compris… Lui savait mais… c’était maintenant qu’il en faisait L’expérience…

Oui, il connaissait l’être humain – ce qu’il était pour le meilleur et pour le pire…

Il allait faire l’expérience du pire pour sauver le meilleur!
Il était prêt à en payer le prix…

Le prix… en sueur, en sang, en soif, en souffrance indicible…

L’incompréhension en réalisant le reniement de l’un de ses plus proches compagnons:
« Pierre se mit à jurer ave force et imprécations: ‘Je ne connais pas cet homme’… » (Matthieu 26:74).

La peine à la vue de son peuple – le peuple de l’Alliance – affirmer: « Nous n‘avons de roi que César… »
(Jean 19:15).

L’humiliation en présence des autorités religieuses qui hurlent:
« Il en a sauvé d’autres, et il ne peut se sauver lui-même… » (Matthieu 27:42).

La stupéfaction devant les moqueries des grands prêtres présents:
« Que le Christ, le Roi d’Israël, descende maintenant de la croix, pour que nous voyions et que nous croyions… » (Marc 15:32).

La consternation face à l’abdication de responsabilité du pouvoir romain:
« Pilate pris de l’eau, se lava les mains devant la foule… » (Matthieu 27:24).

L’impression de la cruauté des soldats qui, non contents de le flageller, l’affublent d’un costume royal ridicule:
« Et ils s’avançaient vers lui et disaient : ‘Salut, Roi des Juifs!’ Et ils lui donnaient des coups » (Jean 19:3).

La pitié à la vue de l’insolence du larron qui le défie avec arrogance:
« N’es-tu pas le Christ? Sauve-toi toi-même, et nous aussi… » (Luc 23:39).

La solitude absolue face à ce qu’il perçoit comme l’absence de son Père:
« Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné?… » (Marc 15:34).

Le prix: « Il était si défiguré qu’il ne ressemblait plus à un homme ;
il était sans apparence ni beauté qui attire nos regards… » (Isaïe 52:14).

Le prix… il l’était devenu – la rançon – diraient certains, du pire de l’humain
pour ressusciter en Lui, et en chacun/e, le meilleur du Dieu qui a créé l’humain à son image.

 

Note: Une autre réflexion, sur un thème différent, est disponible en anglais à: https://image-i-nations.com/good-friday-the-passion-of-the-lord-year-b-2024/

 

Source: Image: https://www.moineruminant.com