29 juillet 2016: Le pape François à Auschwitz
Le pape a traversé à pied, seul et en silence, le célèbre portail orné des mots « Arbeit macht frei » (Le travail rend libre), arrivant au camp nazi allemand d’Auschwitz, près de Cracovie.
«Seigneur, aie pitié de ton peuple, Seigneur pardon pour tant de cruauté»: comme il l’a promis, le pape François a gardé le silence vendredi à Auschwitz, mais a exprimé ses émotions dans le livre d’or du camp de la mort. Solitaire et recueilli, le visage grave, le souverain pontife a traversé à pied le célèbre portail orné des mots «Arbeit macht frei» («Le travail rend libre»), arrivant à l’ancien camp nazi, près de Cracovie.
Ayant à peine franchi l’entrée, il s’est assis sur un banc et s’est plongé dans une prière silencieuse, la tête penchée, les yeux parfois fermés, pendant plus de dix minutes. Une voiture électrique l’a transporté à proximité du Mur de la mort, où les Allemands nazis avaient exécuté des milliers de prisonniers d’une balle dans la tête. Un groupe de douze rescapés du camp de la mort, Polonais, Juifs et Roms, dont la violoniste de l’orchestre du camp, Helena Dunicz-Niwinska, 101 ans, l’y attendait.
Le pape a échangé quelques mots avec chacun d’entre eux, puis a allumé un cierge devant le Mur de la mort, qu’il a touché de la main. Une des rescapées, Janina Iwanska, 86 ans, a déclaré à l’AFP qu’elle était «très émue». «Je voulais m’agenouiller devant lui, mais il m’a pris dans les bras et embrassé sur les deux joues», a-t-elle confié à l’AFP par téléphone quelques minutes après la rencontre.
Le pape lui a paru «non seulement très triste, mais également très fatigué». La veille, elle avait déclaré à l’AFP avoir le sentiment que le pape venait avant tout pour voir les rescapés. «Les autres papes venaient visiter le site du camp, et par la même occasion rencontrer les survivants, et celui-ci vient pour rencontrer les rescapés», a-t-elle dit. «Je lui ai dit que cette rencontre avec lui, c’est un cadeau pour tout ce qui m’est arrivé dans la vie. On le lui a traduit et il m’a souri».
Un autre rescapé, Alojzy Fros, qui aura cent ans en décembre prochain, aurait souhaité que le pape lui dise ce qu’il pense de la situation en Europe et de la question des réfugiés. «Des choses horribles se passent aujourd’hui dans le monde. Parfois ce sont des horreurs pires qu’à Auschwitz, comme la mort du prêtre égorgé dans son église» en France, a-t-il estimé. Mais il se souvient aussi très nettement des horreurs vues au camp nazi. «Peu après mon arrivée, je suis allé à l’infirmerie. J’ai vu derrière une porte entrouverte des corps nus empilés l’un sur l’autre comme des bûches de bois, un tas d’un mètre de haut environ. C’étaient des gens que la SS considérait comme inaptes au travail et qui ont été tués avec une piqûre dans le coeur. Quand je ferme les yeux, j’ai toujours cette image devant les yeux».
François est allé prier dans la cellule de la mort du saint polonais Maximilian Kolbe, un prêtre qui a offert sa vie pour sauver celle d’un père de famille.
Source: Texte: ELLA IDE, BERNARD OSSER, Agence France-Presse OSWIECIM, Pologne PHOTO KACPER PEMPEL, REUTERS
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