Dans ma petite enfance, j’ai maintes fois entendu ces paroles : « Il faut être sage, bien sage. » Il y avait tant de raisons d’être sage et beaucoup de situations où il fallait l’être! « Il faut être sage pour faire plaisir à maman… » « Il faut être sage pour ne pas déranger grand-maman… »
Puis le temps est venu d’aller à l’école où j’ai vite appris à réciter les dons du Saint-Esprit. Il y en avait un qui retenait toujours mon attention plus que les autres : le don de… SAGESSE! L’Esprit-Saint était-il donc ‘complice’ de ceux et celles qui me répétaient d’être sage?
Mais au fil des ans, ma compréhension de cette prescription d’être sage évoluait dans une direction insoupçonnée des personnes qui m’avaient dirigée dans la voie d’une petit fille bien sage. Il devenait de plus en plus évident pour moi qu’être sage et avoir la sagesse étaient des réalités différentes et témoignaient de valeurs d’un ordre différent aussi.
Voici que dernièrement, un prophète de notre monde moderne, l’Abbé Pierre, venait apporter un soutien non équivoque à ma compréhension d’une personne vraiment sage. Je vous partage ici ses paroles :
« La sagesse, ce n’est pas ‘être sage’. Sagesse, ça vient du mot latin sapere : savourer, déguster. Je l’expliquais autrefois à l’un ou l’autre de mes compagnons. Tu me demandes : Dieu, qu’est-ce que ça veut dire? Rappelle-toi, il y a un mois, tous les deux, on s’est crevés pendant toute une journée pour arranger un local où allait être logé un vieux couple; quand tout a été fini, on a mis des fleurs, on a accroché des rideaux, on a fait la soupe, et puis on a été les chercher. Tu te souviens de leur joie!
On est rentré, on avait froid, on avait faim… et tu m’as dit : ‘Père, comme je suis heureux de ma journée’. Cette sorte de bonheur, cette joie-là qui ne ressemble à aucune autre… N’oublie jamais cette joie, car tu viens de recevoir le don le plus parfait qui puisse exister, tu viens de recevoir le don de sagesse – le don de savourer, le don de goûter comme c’est bon de s’être donné du mal pour que d’autres aient moins de mal. À ce moment-là, tu as rencontré Dieu. »
Alors, je veux bien « être sage » de cette façon!…
Abbé Pierre, Dieu Merci, pp.71-72 Source: pixabay.com